Un drame qui provoque un tollé au Sénégal depuis le début du mois. Une jeune femme sur le point d’accoucher est morte à l’hôpital de Louga dans le nord du pays. On lui a refusé une césarienne parce qu’elle n’était pas programmée ce jour-là. Au-delà de l’émotion, cette affaire crée la polémique autour des défaillances du système de santé sénégalais et notamment celles qui concernent les femmes…
C’est un scandale de plus qui suscite une vive émotion au Sénégal et a déclenché une mobilisation immédiate de la part des citoyens, et des citoyennes en particulier, qui y voient une nouvelle preuve des violences physiques ou morales à l’égard des femmes dans les structures de santé, souvent traitées avec peu de bienveillance au moment de l’accouchement, donc précisément pendant un moment particulier de vulnérabilité, de risque et de dépendance.
Sur les réseaux sociaux, ce sont des milliers de personnes qui continuent à s’exprimer sur ce décès « évitable » selon les termes utilisés par le ministre sénégalais de la Santé, qui a dû convoquer une conférence de presse. Le scandale est en effet remonté jusqu’à la présidence de la République. Le directeur de l’hôpital concerné a été limogé. Un collectif dénommé « Patients en Danger » a été formé en quelques jours par des citoyennes et des citoyens sénégalais avec pour objectif d’interpeller l’État sur la nécessité de garantir l’accès à des soins adaptés et de qualité à la population et particulièrement aux femmes enceintes…
RFI : on l’a vu, après le décès évitable de cette jeune femme enceinte comme l’a reconnu le ministre de la Santé, la mobilisation citoyenne au Sénégal a été forte. Mais plus globalement ces problèmes de prise en charge au sein des services publics du domaine de la santé concernent une grande partie des pays de la région. Pour vous les Etats doivent engager des réformes profondes.
y a quelques semaines, lors d’une table ronde en ligne de Wathi, nous avons discuté des différents facteurs explicatifs des défaillances dans le fonctionnement des structures de santé. Et ce qui ressortait clairement de ces échanges, c’est la nécessité d’apporter des réponses institutionnelles qui passent par une réorganisation en profondeur des structures de santé, sur la base d’une priorité qui serait enfin donnée à la qualité des services offerts aux patients, des réponses qui doivent passer également par des changements dans les écoles et les universités qui assurent la formation des personnels de santé.
Vous nous aviez parlé à cette antenne de la pétition lancée par Wathi appelant au renforcement des systèmes de santé avec des recommandations concernant justement l’accueil des patients, l’éthique professionnelle et l’investissement dans les ressources humaines…