Pas de bis repetita pour les élections législatives crisogènes au Bénin. En tout cas, celles du 08 janvier 2023 ne feront pas la mauvaise, fâcheuse, et déshonorante expérience meurtrière de 2019 symptomatique de l’improvisation d’une opposition qui a perdu le nord du pays. Mais ce résultat qui relève désormais d’un rêve à cause de cette opposition qui s’érige en maître réfractaire aux textes légaux, est tributaire des recommandations ou propositions issues du dialogue politique initié par Pascal Essou, Médiateur de la République du Bénin, depuis mai 2021. Face à l’enjeu et son parcours politique, un challenge très réaliste se dresse contre lui : celui de la légitimité et de la crédibilité.
L’on peut croire sans risque de se tromper que la consultation politique faite par le Médiateur de la République du Bénin n’est une promenade de santé sur Grand-Popo pendant une semaine ou un pseudo-événement pour perpétuer sournoisement les incriminations mouvance-opposant ou vice versa . Le chapelet de doléances égrené par les partis politiques, surtout ceux de l’opposition lors de cette rencontre en fin du mois d’avril 2022, qui satisfait l’éthique du dialogue politique, ne seront pas relégués au second rang pour laisser place à des réquisitions dont ils ont toujours fait l’objet.Leur démarche de jouer à l’aveugle circonstanciel sur certains aspects de l’initiative est une ouverture d’esprit qui juge qu’eux aussi se reprochent plusieurs choses et n’ont aucun intérêt que dorénavant l’ambiance festive et gaiement contemplative qui entoure les élections au Bénin retrouvent doit de cité. Cette vision des choses pour la cohésion nationale chantée, revendiquée par la classe politique opposante au régime Talon est une attente impatiente de la rencontre avec le Médiateur de la République. Si déjà dans l’opinion publique, le parti Restaurer l’espoir (Re) de Candide Azannaï, dans son analyse anti-progressiste a entretenu un pan de sa non-participation à la posture politique de Pascal Essou en ces termes : « Dénonce et récuse votre légitimité de Médiateur, pour violation de l’éthique et de la déontologie de médiation et pour votre défaut personnel des critères de neutralité, d’indépendance et de crédibilité du statut du médiateur à cause de votre trajectoire de député et de membre du Bureau du Br dans la crise et l’impasse politiques en cours. », il est ostentatoire de faire preuve d’une délicatesse des retombées du dialogue qui est un couteau à double tranchant. Car il met aux prises, le sérieux de l’institution qu’est le Médiateur de la République et celui des politiques, principalement de l’opposition.
L’essentiel pour la paix
S’il est vrai que la question de légitimité et de la crédibilité ne froissent pas la compétence d’attribution du Médiateur de la République en vertu des dispositions de l’article9 de la loi n°2009-22 du 03 janvier 2014 instituant le Médiateur de la République : « Le Médiateur de République peut, à la demande du Président de la République ou du Gouvernement, des membres de toute autre institution de la République, participer à toute activité de conciliation entre l’administration publique et les forces sociales et/ou professionnelles. Il peut également être sollicité par le Président de la République pour des missions particulières relatives aux questions de réconciliation et de paix au niveau national, régional ou international.», ces deux valeurs de rapport humain et du principe de l’éthique du dialogue politique ne doivent être occultées sous des prétextes fallacieux, à cause du fait qu’elles déterminent le degré de la sincérité du dialogue et un pas pour la continuité puisque comme le dit si bien , l’écrivain-poète Jean-Claude Renard, personne, nulle part, ne peut jamais prétendre avoir le dernier mot, posséder le mot absolu, la parole définitive. C’est pourquoi tout dialogue n’est jamais terminé. Il va falloir se placer sur le plan de la discussion pour trouver une harmonie partagée puisque tout le monde et même le premier magistrat du Bénin est bien conscient que la concorde d’antan a déserté le forum suite aux audacieuses réformes. « Je prends acte de votre serment Monsieur le Médiateur de la République. Notre pays a entamé depuis quelques temps une série de réformes qui mettent notre concorde à l’épreuve. Et vous comprenez donc l’importance de votre charge dans une telle période. Vous aurez beaucoup plus que par le passé à assurer, à la satisfaction de nous tous, le dialogue nécessaire entre les uns et les autres à tous les niveaux, au plan politique, au plan social, au plan syndical, les discussions nécessaires, le dialogue nécessaire entre Béninois et Béninoises pris individuellement avec l’Etat, avec les Institutions et les structures de l’Etat. Parce que notre quête de développement qui a nécessité la rupture avec nos acquis, nos habitudes du passé, parfois, nous amène à des controverses, nous amène à des divergences qui, quelque fois, mettent à l’épreuve notre concorde. Et en ces circonstances, Monsieur le Médiateur de la République, je voudrais espérer que votre personnalité que tout le monde connaît sera pour nous un atout pour que le dialogue nécessaire puisse caractériser désormais notre vivre-ensemble. Vos missions, et au-delà de ce qui est prescrit habituellement au Médiateur de la République et pendant la durée de votre mandat, je veux personnellement espérer que vous donnez le meilleur de vous-même pour que ce dialogue soit quotidien entre les uns et les autres. Vous êtes l’arène politique. Et comme ce n’est pas tout le temps que nous allons faire le dialogue politique, les assises politiques, que nous allons organiser des conférences nationales, nous allons nous reposer sur le Médiateur pour jouer le rôle entre les uns et les autres », avait exprimé le président Talon lors de la prestation de Pascal Essou le 19 mai 2021. Unanime sur ce point, cette rencontre des partis politiques reste un enjeu majeur dont les résultats en perspective se joueront entre la volonté politique et les textes de lois. Il y a donc des questions subite et sans réflexion profonde qui jaillissent dans les cœurs. La volonté politique prévaut-elle sur la règle de droit ? Les recommandations de l’opposition liées aux textes électoraux seront-elles prises en compte quand on sait que même préconscient ils ne peuvent faire l’objet de révision à 6 mois des élections ? A moins d’actionner les leviers sur la prolongation du temps (Nous sommes aujourd’hui en mai) et le consensus national qui est terme vague, pour éviter les drames récents qui demeurent toujours dans les esprits