Dès le début de la grossesse, l’œuf fécondé produit un embryon et une ébauche de placenta. Ce dernier est indispensable au bon développement du bébé : accroché à l’utérus, il est le lieu de tous les échanges entre le fœtus et sa mère. Protecteur, nourricier, il peut parfois connaître quelques tracas. Explications.
Formation et poids du placenta humain
Comment se forme le placenta ?
Dès les premiers jours de grossesse, lorsque l’œuf se divise et atteint une centaine de cellules, il devient un blastocyte. A cette étape, on observe une séparation entre le futur embryon d’un côté et ses annexes de l’autre : le cordon, les membranes de la poche amniotique et le trophoblaste. C’est ce trophoblaste qui va se transformer en placenta. Totalement formé au 5e mois, il va ensuite grossir pour arriver, à terme, au poids de 500- 600 grammes.
Un placenta, à quoi ça ressemble ?
Le placenta est une espèce de disque épais de 15 à 20 centimètres de diamètre. Il est rouge et charnu d’un côté et semble « à vif » (la face ancrée à l’utérus), tandis que son autre face est recouverte d’une pellicule translucide (la membrane amniotique) à laquelle est attaché le cordon ombilical du bébé. Le plus souvent, à la naissance du bébé, la sage-femme vous propose de le voir.
À quoi sert le placenta ?
Durant toute la grossesse, le placenta fait office de « sas ». C’est une sorte de plateforme d’échange entre la mère et le bébé, sans que jamais leurs sangs respectifs ne communiquent. C’est là que grâce à son cordon, le fœtus puise les nutriments et l’oxygène véhiculés par le sang maternel. Le placenta agit également comme une barrière protectrice. Il filtre certaines bactéries, parasites ou médicaments (mais pas tous). En revanche, les virus (HIV, hépatite B…) passent à travers le placenta.
Constitué du même patrimoine génétique que le bébé, le placenta informe sur d’éventuelles anomalies chromosomiques et/ou génétiques. L’examen qui donne accès à ces informations s’appelle une « biopsie de trophoblaste » ou « prélèvement de villosités choriales » et représente une alternative à l’amniocentèse. Il est réalisé assez tôt, vers deux mois de grossesse, et consiste à prélever un fragment de placenta. Il est surtout proposé dans les familles porteuses de maladies génétiques. Les résultats sont rapidement obtenus. Mais l’examen comporte un risque de fausse couche d’environ 1 à 2 % (pour une amniocentèse, le risque oscille entre 0,5 et 1 %).
Peut-il y avoir des complications ?
Un décollement du placenta
En début de grossesse, le placenta peut se décoller légèrement. Cela provoque des saignements très impressionnants. Ces hémorragies restent heureusement sans gravité tant qu’il n’y a pas de contractions et que l’embryon poursuit son développement. Le plus souvent en cas de décollement du placenta, le médecin conseille à la future maman de se reposer le temps que tout rentre dans l’ordre.
Praevia ou accreta : une mauvaise position du placenta
En fin du deuxième trimestre ou au troisième trimestre, l’échographie ou des saignements peuvent également alerter sur une mauvaise position du placenta. Normalement, au fur et à mesure que l’utérus se développe, le placenta se déplace vers le haut. Certains restent en bas (placenta prævia) et recouvrent parfois le col de l’utérus, en partie ou totalement. En fin de grossesse, lorsque l’utérus grossit, le placenta peut s’éloigner du col de l’utérus. A l’approche de l’accouchement, la future maman est davantage surveillée car les saignements peuvent être importants. Le jour J, l’emplacement du placenta détermine si une césarienne est nécessaire ou si l’accouchement par voie basse est possible.
Un hématome rétroplacentaire
Plus rares enfin, certaines complications peuvent survenir en fin de grossesse et entraîner un hématome au niveau placentaire, qui interrompt la croissance du bébé. Ce phénomène accompagne le plus souvent une crise d’éclampsie, annoncée par une hypertension artérielle et des œdèmes importants.
Une surveillance accrue après le terme
Lorsque la grossesse dépasse son terme, la surveillance fœtale s’accroît. La future maman doit se rendre tous les jours à la maternité pour s’assurer de la santé du bébé. Ces précautions sont mises en place car le placenta vieillit et il arrive un moment où il n’assure plus sa fonction nourricière. Si le monitorage du bébé montre qu’il va moins bien, cela entraîne le déclenchement médical de l’accouchement.
Où va le placenta après l’accouchement ?
Quelques minutes à peine après l’accouchement, les contractions de l’utérus reprennent. Elles permettent au placenta de se décoller, c’est l’étape de la délivrance. Lorsque le placenta s’est entièrement décollé, il suffit de pousser une fois pour qu’il sorte très facilement. A ce moment-là, la sage-femme l’examine attentivement pour vérifier qu’il est bien entier. En effet, si certains morceaux sont restés collés à l’utérus, cela empêche les petits vaisseaux de l’utérus de se refermer et risque d’entraîner une hémorragie. Le placenta rejoint ensuite les déchets hospitaliers qui seront incinérés.
Placentophagie : pourquoi manger son placenta ?
Depuis quelques années, on assiste à une nouvelle tendance venue des Etats-Unis : manger son placenta. Selon les dires de certains, cet organe renfermerait de puissantes vitamines qui permettraient notamment de faciliter les suites de couches, diminuer la dépression post-partum, favoriser l’établissement du lien mère-enfant. Le placenta pourrait également être utilisé comme un produit de beauté. Mais aucune étude scientifique n’a pour l’instant prouvé ces vertus. Et la conservation du placenta est en théorie strictement interdite en France.