*Ancien sélectionneur du Djibouti, le Français Julien Mette est intéressé par la sélection du Bénin pour laquelle il a postulé. En attente de la décision du ministre des Sports, il s’est livré à nous à travers une interview où il évoque ses ambitions pour les Écureuils. Lisez plutôt…*
*Julien Mette, votre nom est cité parmi les entraîneurs qui s’intéressent au Bénin. Avez-vous vraiment fait acte de candidature ?*
Oui. En effet, j’ai candidaté pour devenir sélectionneur du Bénin. Je suis d’ailleurs très flatté que mon nom soit retenu dans une short-list.
*Pourquoi le Bénin vous intéresse t-il ?*
Cela fait 20 ans que j’entraîne, et j’ai passé les 6 dernières saisons en Afrique. Après être passé par deux clubs du Congo Brazzaville, j’ai été sélectionneur de Djibouti les 3 dernières années et je suis à la recherche d’un nouveau projet. Après avoir fait un point avec mes conseillers, j’ai décidé de refuser des propositions de clubs afin de rester libre pour trouver une sélection. Lorsqu’on m’a fait part d’un appel à candidature au Bénin, j’ai décidé de postuler pour plusieurs raisons. C’est une équipe à fort potentiel, avec une majorité de joueurs de moins de 26 ans. L’équipe reste sur un échec et a donc un challenge clair : se qualifier pour la CAN 2023, ce qui rejoint mon ambition personnelle. Les caractéristiques des joueurs correspondent aux principes que je préconise et mets en place. Enfin, j’ai pu suivre les projets mis en place par votre pays dans le but de développer le football à travers l’organisation des championnats, la structuration des clubs et le développement de la formation. J’ai trouvé cela intelligent et j’aime les pays qui ont la volonté de développer le football local. Ainsi, je me dis que je mettrais les pieds dans un pays bien organisé, avec de la volonté et de l’ambition.
*Si on vous nommait à la tête des Ecureuils, qu’allez-vous apporter au groupe?*
Lorsque je suis devenu sélectionneur à Djibouti en 2019, j’avais 37 ans, j’étais le plus jeune sélectionneur du monde pendant un temps. Le football djiboutien a connu ses plus belles années durant mon passage. Un pays qui n’avait gagné que 2 matchs et réalisé 2 nuls en 20 ans avant mon arrivée, a su rester invaincu durant 7 matchs de rang avec moi, s’est qualifié pour la première fois en phase de groupes des qualifications pour la Coupe du Monde, a tenu en échec la Gambie par deux fois (1-1 et 1-1) , a gagné le premier match de son histoire à l’extérieur, a marqué 3 buts dans un match pour la première fois de son histoire, a gagné 22 places au classement FIFA… Ce que j’apporterai, c’est mon enthousiasme, mon investissement, mon souci du détail, mon perfectionnisme. Mon profil est unique en Afrique. Je ne suis pas venu en fin de carrière pour une forme de préretraite. Je suis venu pour prouver, pour gagner, afin de revenir en Europe par la grande porte à l’instar d’Hervé Renard ou Sébastien Desabre. Par conséquent, ma soif de vaincre et mon ambition seront communicatives.
*Quel est votre projet de jeu?*
Je le résumerai en disant : proactif. Je ne m’attache pas à un système de jeu car je ne veux être dépendant ni d’un système, ni d’un joueur. C’est un projet résolument collectif et offensif. L’équipe doit être imprévisible afin d’être crainte et dangereuse dans toutes
les situations possibles (possession, transition, coups de pieds arrêtés …). Avec le ballon, mon équipe construit au sol prioritairement, dans le but d’endormir l’adversaire et de le désorganiser. Sans le ballon, on va chercher à le récupérer le plus vite et le plus haut possible. Je veux que mon équipe dicte le jeu et contrôle le rythme du match. Si l’adversaire est à l’aise dans un rythme lent, nous lui imposerons un rythme du tonnerre. Si l’adversaire aime que le jeu n’ait pas de pause, nous lui imposerons une longue possession pour casser le rythme. Même lorsqu’elle n’a pas le ballon, c’est mon équipe qui décide où le jeu va se jouer et où nous amenons l’adversaire pour le pièger. La philosophie est offensive, mais tout est pensé pour rester équilibré. Mon but est que personne ne s’ennuie et que les supporters soient fiers de leurs joueurs.
*Connaissez-vous des internationaux béninois? Si oui, quelles relations avez-vous avec eux?*
Personnellement, je connais bien Fabien Farnolle. Il est Bordelais comme moi. Il est passé par les Girondins mais surtout Libourne où je coachais les U15 et j’avais la direction du centre. Un mec charmant, agréable et qui a eu une carrière exemplaire car il a connu des passages difficiles mais a su se relever. Il y a d’autres Bordelais d’adoption comme David Djigla, Olivier Verdon que je n’ai jamais croisé mais lorsqu’il était U15, Sessi d’Almeida jouait aux Girondins dans un match contre mon équipe et il avait marqué. Il était partout. Le coach devait le canaliser. Il était le poumon et le coeur de l’équipe. Depuis ce match, j’ai toujours suivi son parcours par curiosité. Ce sont des joueurs qui auraient mérité leur chance en Ligue 1 aux Girondins. En dehors de mon affection pour les Béninois bordelais, je connais évidemment tous les joueurs qui ont eu un temps de jeu conséquent lors des matchs allant de la CAN 2019 à mars 2022. C’est mon travail de regarder les matchs d’une équipe où je postule. Certains jouent dans des championnats peu médiatisés mais avec les outils modernes je pourrai les suivre assidûment. Ce que je trouve motivant c’est que pour plusieurs d’entre eux, l’équipe nationale est un moyen de se montrer et donc, ils ne peuvent venir en reculant ou avec des motivations extrinsèques. Les Écureuils sont un moyen de montrer leur talent devant une audience largement supérieure à celle de leur club dans le but d’aller dans de plus grands clubs. Ce levier motivationnel est plus intéressant que le cas de joueurs évoluant dans de grands clubs ou les championnats européens et qui arrivent en équipe nationale en terrain conquis, avec une implication insuffisante. Enfin, mon expérience de 15 ans comme éducateur de jeunes sera bénéfique pour plusieurs jeunes talents de cette équipe comme Assogba, Ahlinvi, Gomez, Chibozo, Kossi ainsi qu’aux talents locaux.
*Un mot à l’endroit du public et des autorités.*
Cela ne sera pas long. Je suis candidat pour devenir votre prochain sélectionneur. Je suis disponible pour venir rencontrer les décisionnaires le plus tôt possible, de m’entretenir et de présenter mon projet, ma méthodologie et mes ambitions. J’ai vu que l’ancien sélectionneur par intérim sera l’adjoint du nouveau sélectionneur, c’est une très bonne chose car je me suis toujours entouré de locaux et c’est pour moi la meilleure manière de travailler. Je suis persuadé d’avoir les solutions pour qualifier les Ecureuils à la CAN 2023 et de rendre les supporters fiers du spectacle et de l’engagement fournis par leurs joueurs. A ceux qui m’estimeraient trop jeune ou n’ayant pas entraîné de nation phare, je répondrai que la Zambie n’a jamais regretté d’avoir été le premier pays à donner sa chance à Hervé Renard, puisque celui-ci leur a fait gagner leur première CAN.